Alain Panério, petit-fils d' Auguste Gauthier, nous raconte l'histoire de la forge et le métier de maréchal-ferrant de son grand-père,
Né en 1884, au hameau « Les Bruns », il apprend son métier, à Allevard, chez Laurent Chabert, maître forgeron réputé. Il épousera Maria Pont, des Bretonnières, De cette union naîtra Jeanne (épouse Panério), qui vit toujours dans la maison familiale aux Bruns.
En 1910, , il installe son atelier, près de la mairie de Saint-Maximin, dans un petit local qu'il aménage lui-même et qui deviendra, pour tous : « la Forge » !
Durant la première guerre, il est maréchal-ferrant. À la fin de la guerre, l'armée lui proposera même de « rempiler » pour s'occuper des chevaux de l'armée. Mais, le devoir familial l'amène à rentrer au village, à Saint-Maximin, pour y reprendre son métier.
A la forge, pendant qu'un propriétaire tenait le pied de son cheval, le maréchal-ferrant ôtait le fer usé en retirant les clous, retaillait le sabot en le râpant et ajustait le fer choisi chauffé à la forge (chaque fer était standardisé, avec un numéro précis) ; il le fixait ensuite avec de nouveaux clous, bien plantés en biais pour ne pas blesser l'animal, en faisant en sorte que rien ne dépasse.
On comptait deux heures de travail par cheval, on pouvait ainsi ferrer jusqu'à six chevaux par jour. Un peu moins bousculé en fin de carrière, il faisait lui-même ses fers à cheval, par plaisir.
Pour les bœufs, plus lourds et plus rétifs, on utilisait un détrait, c'est-à-dire un treuil pour lever l'animal. le pied du bœuf disposant de deux sabots, il fallait deux fers à chacun.
Ses clients étaient des paysans de Saint-Maximin, de Pontcharra, de Villard-Noir ou même de la Savoie toute proche. Il allait aussi, une fois par semaine, ferrer les chevaux, à Barraux, dans un local loué pour la circonstance.
Les enfants de l'école étaient heureux ! Dès qu'ils avaient un moment, à la récréation par exemple, ils s'agglutinaient près de la Forge, fascinés par le travail du fer. Ils « profitaient » de la fumée qui répandait cette odeur bien particulière de la corne brûlée...
Parfois, il devenait même vétérinaire pour soigner les vaches qui gonflaient après avoir mangé des pommes : il savait où planter le « trocart » (tige métallique cylindrique pointue coulissant dans un tube) Proche des animaux, il les soignait bénévolement... À défaut de vétérinaire installé à Pontcharra, combien de fois est-on venu, la nuit, le chercher pour soulager une bête !
La deuxième facette de son métier était liée au travail de forgeron, avec sa forge à soufflet, son enclume et son marteau-pilon.